Strasbourg Audience solennelle de rentrée du tribunal de grande instance Un parfum d’adieu

Quelques perceuses avaient décidé de jouer les trouble-fêtes. Les crissements métalliques provenant du chantier Kroely voisin ont par intermittence pollué les discours officiels, comme pour donner aux magistrats et aux fonctionnaires du tribunal de grande instance un avant-goût des joyeusetés sonores à venir.

Si l’heure n’est pas encore tout à fait à l’emballage des cartons, le jour du déménagement approche. « Les bâtiments provisoires seront installés en fin d’année autour du tribunal », a indiqué le président du TGI Benoît Rault, en précisant que les derniers services devront avoir déménagé « au premier trimestre 2014 ». Les travaux de rénovation-extension du palais, confiés au cabinet d’architectes barcelonais Jordi Garcés pour une enveloppe de 63,2 millions d’euros, dureront au moins jusque fin 2016.

En poste au moment de la désignation de l’architecte catalan en mars dernier, Patrick Poirret ne vivra pas le remue-ménage du chantier. Après trois années passées à la tête du parquet de Strasbourg, il vient d’être nommé procureur général près la cour d’appel de Nancy. Son adjoint Claude Palpacuer lui a rendu, au nom des dix-neuf magistrats du parquet de Strasbourg, un vibrant hommage, saluant notamment son implication dans la prise en compte des victimes et la lutte contre les violences conjugales, en particulier avec la mise en œuvre de la téléprotection des femmes en danger.

Le nouveau procureur entend s’inscrire « dans la continuité de l’action » de son prédécesseur. Fort de trente-quatre années d’expérience dans la magistrature dont vingt-cinq au parquet – il a successivement dirigé les parquets de Sarreguemines, Mulhouse, Nancy et dernièrement Rouen –, Michel Senthille a promis qu’il serait « un fédérateur d’énergies et un animateur d’équipe ». Il mènera « une politique de tolérance zéro » face à une délinquance qui « se modifie sans cesse dans sa forme » (lire aussi en page 16).

Comparutions immédiates : 1 106 jugements en 2012

Il y a donc fort à parier que les audiences de comparutions immédiates resteront chargées en 2013. L’an passé, 1 106 jugements ont été rendus selon cette procédure rapide, contre 965 en 2011 (+15%). Plus globalement, les chambres correctionnelles ont rendu 5 716 décisions en 2012 (+11%). Le juge des libertés et de la détention a été saisi 1 129 fois en matière de détention (+23%) et 943 fois en matière d’hospitalisations contraintes.

Autre chiffre en progression constante ces dernières années, celui des placements sous surveillance électronique. Plus de 600 personnes ont bénéficié du bracelet électronique l’an passé, ce qui n’a cependant pas permis d’enrayer la spirale de la surpopulation carcérale. Avec près de 800 détenus et 180 % d’occupation, la maison d’arrêt de Strasbourg affiche une saturation « préoccupante ».

Enfin, si l’activité est restée stable concernant les mineurs, le nombre de mesures d’assistance éducative a largement augmenté en 2012. Une évolution liée selon Claude Palpacuer à la dégradation des relations familiales et à l’arrivée massive dans le département de mineurs isolés étrangers.